Pour le meilleur comme pour le pire, bienvenue au Pakistan ! (1/3)

 

Du 28 août au 18 septembre 2018.

Les Pakistanais rencontrés nous on souvent demandé quelle était l’image de leur pays depuis la France. Au début, nous étions forcément pris d’un léger embarras et il a fallu leur avouer que celle-ci n’était pas très bonne, soyons honnêtes. Rassurez-vous, ils posaient la question mais au fond ils avaient déjà une idée sur la réponse. La bonne nouvelle pour nous était que dès lors, les autochtones avaient à cœur de faire découvrir les beautés de leur pays, la richesse de leur culture ainsi que leur gentillesse. Cet élan de chaleur ne nous a cependant jamais voilé la face sur les certains versants plus critiquables de leur société.

Retour en arrière : le choix du Pakistan, de 2 jours à 3 semaines.

 

Lorsqu'au Laos, Vincent a proposé à Mélanie de rentrer par voie terrestre depuis l'Inde, la question de la traversée du Pakistan est très vite apparue comme une embûche sur le parcours.

 

Tout d’abord, il y avait la problématique du visa. Durant la semaine de formation en massage thaï de Mélanie à Bangkok, nous nous sommes rendus à l’ambassade pakistanaise. Après une bonne heure d’attente, nous avons eu le droit à la réponse suivante :

Eux : « La demande ne peut se faire que depuis votre pays d’origine. »

Nous : « Oui, mais comment fait-on quand on est déjà partis de son pays d’origine ? »

    Eux : « Dehors monsieur, je viens de vous répondre. »

 

Bon, ça démarrait mal. Le temps de trouver une solution, il fallait également s’assurer de la sécurité d’une telle traversée. Tout comme vous peut-être, nous imaginions que traverser le Pakistan n’était pas synonyme de long fleuve tranquille. Nous avons donc entrepris des recherches pour essayer d’aller au-delà des à priori plutôt négatifs sur la sécurité du pays. Nous avons vite découvert, sur des blogs de voyage, que ceux qui avaient visité le Pakistan décrivaient de magnifiques lieux à explorer, en compagnie d’un peuple très accueillant. Niveau sécurité, la période des Talibans semblait loin même s’il valait mieux ne pas trop s’attarder sur la carte du ministère français des affaires étrangères qui colorait de rouge la quasi-totalité du pays (formellement déconseillée). Petit à petit, nous nous sommes dit qu’il  serait dommage de traverser le pays à la hâte. Pourquoi ne pas s’arrêter un peu pour visiter ? En postant différentes questions sur des forums, nous avons eu la bonne surprise de recevoir très rapidement de nombreuses réponses amicales de locaux ainsi que des propositions spontanées d’aide et d’hébergement.

 

La question du visa restait cependant le point noir. Une seule solution se présentait : renvoyer notre passeport en France et mandater une agence spécialisée à Paris pour faire la démarche auprès de l’ambassade pakistanaise. Oui, sauf qu’il n’était pas certain qu’on nous accorderait le sésame. Pour mettre toutes les chances de notre côté, il était bien entendu hors de question de mentionner notre projet de rejoindre ensuite l’Iran par le Baloutchistan à l’ouest du pays, cette région étant une zone à risque. Par ailleurs, Vincent avait lu quelque part que certains voyageurs s’étaient fait aidés par des pakistanais qui leur avait rédigé une lettre d’invitation, fournissant un élément solide pour la demande de visa. Puisque les Pakistanais avaient l’air sympathiques et désireux d’aider, il n’était pas malvenu de demander leur aide. Nous avons donc pris contact avec un pakistanais nommé Ahsan, d’une trentaine d’années, via le site Couchsurfing. Ni une ni deux, cet inconnu nous a rédigé ladite lettre, stipulant que nous étant rencontrés lors d’un séjour à Londres, que nous étions amis de longue date et qu’il nous hébergerait chez lui pendant toute la durée de notre séjour. En prime, il n’a pas hésité à joindre ses coordonnées et une copie de sa carte d’identité. La gentillesse spontanée de ce quasi-inconnu qui deviendra par la suite un ami nous a surpris et beaucoup touchés. Aurions-nous fait la même chose en France ? Bien sûr que non…

 

Nos dossiers de postulants en règle, seule subsistait la question de l’envoi de nos passeports. Heureusement, nous projetions de rester deux mois en Indonésie dont le premier mois avec notre ami Élian, nous rejoignant de France. Nous pensions lui confier nos passeports lors son retour pour qu’il les transmette à l’agence parisienne. Après nous être renseignés sur les délais, les trois semaines restantes seraient normalement suffisantes pour récupérer nos papiers d’identité à temps pour sortir d’Indonésie. Cette privation ne nous a pas gênés du tout et nous avons même pu prendre un vol interne avec une simple photocopie. Deux semaines après le départ d’Elian, nous apprenions que les visas nous avaient été accordés. Le retour de nos passeports par voie aérienne s’est bien passé et nous avons pu les récupérer la veille de notre départ pour l’Inde. Il était temps ! Il ne restait plus qu’à prévenir nos parents de notre changement d’itinéraire. Nous avons décidé de repousser cela à plus tard, un mois complet en Inde nous attendait, pendant lequel nous aurions bien le temps de trouver une façon de leur annoncer en évitant que leurs craintes ne s’emballent…

Lors de l'entrée au Pakistan, c'est un petit train qui nous sort de la zone frontalière.
Lors de l'entrée au Pakistan, c'est un petit train qui nous sort de la zone frontalière.

Au Pakistan, l’étranger est l’invité.

 

Après ce mois en Inde donc, c’est en tuk-tuk que nous avons dû rejoindre Lahore depuis la frontière indienne car aucun bus ne faisait la liaison. Très prudents, nous avons négocié le prix en espérant que le chauffeur n’essaie pas de « nous la faire à l’indienne » (vous comprendrez en lisant notre prochain article sur l’Inde).

 

Première agréable surprise, nous avons été accueillis par ce dernier avec un « bienvenue au Pakistan » aussi sincère que touchant. Puis, après quelques kilomètres, il s’est arrêté, est rentré dans un petit magasin et est revenu avec des bouteilles de soda pour trinquer : « Welcome to Pakistan ! ». Nous n’en revenions pas, surtout de la part d’un chauffeur de tuk-tuk, catégorie de locaux avec laquelle nous avons souvent eu des accrocs... C’était une première en presque un an de voyage !

A Lahore, notre ami Ahsan qui nous avait aidés à obtenir le visa pakistanais ne pouvait pas nous héberger alors nous avons trouvé un autre contact via le site Couchsurfing. Vue la quantité de locaux inscrits sur le site, c’était très facile ! Nous avons tout de même rencontré Ahsan et l’avons retrouvé plusieurs fois. En plus de nous faire visiter la partie occidentale de la ville, métropole de dix millions d’habitants, il nous a permis de découvrir la culture pakistanaise à travers ses yeux. Il faut dire que nous débordions de questions !

Un dessert à partager en compagnie d'Ahsan
Un dessert à partager en compagnie d'Ahsan

Au Pakistan, nous nous attendions à ce que la majorité des femmes porte le niqab noir (voile qui couvre les cheveux, le visage, le buste et les hanches) et nous avons été étonnés de voir que la plupart portaient simplement le hidjab de toutes les couleurs (voile qui couvre simplement les cheveux, les épaules et la poitrine). Il n’était pas rare de croiser des femmes non voilées, le plus souvent jeunes. En tant que touriste, Mélanie ne portait pas le voile et était habillée en pantalon et t-shirt à manches courtes. Elle n’a jamais eu de réflexions ou de gestes déplacés comme ça avait été le cas en Inde. Elle s’est toujours sentie à l’aise, même si certains regards traînaient discrètement parfois ou l’évitaient carrément. Nous n’avons pu nous retenir de demander à notre ami Ahsan ce que les locaux pensaient quand ils voyaient des touristes occidentales. Sa réponse nous a sciés : « C’est simple, ils vous voient comme des filles faciles ».

 

Notre ami nous a également appris que la fréquentation de prostituées était également assez courante dans une société où il est difficile d'avoir un partenaire hors mariage, et de ce fait moins tabou. D’après lui, dans les années 70, la société était moins rigide concernant les relations hors mariage qu’actuellement.

 

Concernant la consommation d’alcool, la vente n’était autorisée que par les non-musulmans. Si les Pakistanais aimaient parfois lever le coude comme tout le monde, c’était toujours à l’abri des regards. En pratique, il n’était pas si difficile de se procurer de l’alcool, nous avons croisé de nombreux musulmans qui en consommaient régulièrement, même s’il était impensable qu’ils puissent boire ne serait-ce qu’une bière en présence d’un membre de leur famille. Il était également connu que les ambassades avaient leur propre bar où tout le monde pouvait venir boire un verre (ou plusieurs).

 

L’anecdote des sodas offerts par le chauffeur de tuk-tuk lors de notre arrivée au Pakistan n’était que les prémices de ce que nous allions vivre au quotidien avec les locaux. En effet, une journée au Pakistan suffit au voyageur pour prendre la mesure du sens de l’hospitalité des habitants. Nous ne comptions plus les invitations à boire le café, à manger ou à se faire héberger. En quelques heures, nous nous sommes vus proposer trois fois l’hospitalité, dont une fois par le chauffeur de taxi qui nous conduisait ! A plusieurs reprises également, des quasi-inconnus ont tenu à nous laisser leurs coordonnées avec pour consigne : « Call me if any problem in Pakistan. » (« Appelez-moi si vous avez le moindre problème au Pakistan. »). Nous n’avions aucun doute qu’ils auraient pu nous tirer d’un mauvais pas même à l’autre bout du pays grâce à leurs nombreux contacts.

Pour illustrer encore cette hospitalité rapidement devenue inégalable, voici le récit d’une journée :

« Après avoir visité le fort de Baltit à Karimabad, nous souhaitons rejoindre en stop le village de Pasu, situé 50 km plus loin. Nous avons choisi d’y aller en stop pour pouvoir nous arrêter admirer un lac situé à mi-distance, non desservi par les transports locaux. Nous marchons vers la sortie de Karimabad pour rejoindre la route principale quand une jeep (normalement louée avec chauffeur par des touristes) s’arrête et son conducteur nous propose de nous descendre gratuitement sur la route principale, meilleur spot pour partir en stop. Il ajoute : « Money is not everything. » Arrivés sur cette route, nous tendons le pouce et trouvons rapidement une voiture pour nous déposer au lac Attabad situé à 25 km. De nombreux touristes Pakistanais se prennent en photo ou font du jet-ski sur le bord du lac. Nous sommes invités par deux groupes différents à partager un café. Un groupe d’amis venus à moto depuis Quetta nous propose de nous héberger si nous passons par chez eux. L’un des motard, voyant Mélanie grelotter, veut même lui donner sa couverture, vêtement typique des habits traditionnels de la région de Quetta, au Baloutchistan. Nous décidons de continuer notre route et après quelques minutes sur le bord de la chaussée, une voiture s’arrête. L’homme est le responsable d’une agence de trek que nous avions rencontré la veille pour prendre des renseignements, mais nous n’avons pas donné suite à sa proposition de randonnée. Il nous a reconnu au bord de la route et a fait demi-tour pour nous. En jeep, il insiste pour nous avancer jusqu’à la prochaine « ville » où nous aurons plus de chance de trouver un bus ou un chauffeur. Nous acceptons son offre mais tenons à lui offrir le thé en remerciement. Une fois arrivés, il nous amène découvrir une maison vielle de plusieurs siècles où des femmes fabriquent des tapis. A notre grande surprise, ces dernières ne nous mettent pas du tout la pression pour acheter quoique ce soit. Cela nous change Nous discutons avec ces femmes lorsqu’un vieil homme, musicien de profession et presque aveugle entre et demande si quelqu’un peut lui échanger un billet de 10 dollars en roupies qu’un touriste a dû lui donner. Le vieil homme est bien embêté car le bureau de change le plus proche est à plusieurs kilomètres. Nous dépannons ce monsieur qui aussitôt nous baise la main en remerciement. Nous comprendrons plus tard que notre statut de touriste n’a rien à voir avec sa manière de nous remercier. Il s’agit d’une manière courante de montrer son respect.

Nous quittons les lieux et marchons en direction de la route pour chercher à nouveau une voiture. Après quelques pas, un véhicule s’arrête pour nous offrir deux poires et nous proposer de nous amener à Pasu, notre destination. Sur la route nous avons droit à un arrêt café et tarte à l’abricot. Encore une fois, impossible de payer « tant que vous êtes au Pakistan, vous êtes mes invités ». Nos deux compères nous déposent à bon port et nous invitent à les recontacter pour nous héberger si nous passons prochainement par chez eux ».

A notre avis, l’hospitalité pakistanaise s’explique d’une part du fait de leur culture musulmane où l’étranger est considéré comme un invité, et d’autre part, par le contexte difficile que connaît le pays. Avant les événements du 11 septembre, de nombreux touristes se rendaient au Pakistan. Leur nombre a fondu après 2001 où le pays est entré dans une période d’instabilité. Aussi, les rares voyageurs qui viennent font l’objet d’un traitement spécial. Les Pakistanais nous diront à nombreuses reprises qu’ils sont très contents de notre présence dans leur pays. Ils ont à cœur de changer l’image véhiculée par les médias auprès des touristes. Il est vrai qu’en général, lorsque l’on entend parler du Pakistan aux informations, c’est pour parler d’attentats, des Talibans ou de drapeaux français incendiés lors de manifestations (par exemple suite aux caricatures de Mahomet). En tout cas, en tant que voyageur, nous ne pouvions pas rêver d’un meilleur accueil, qui était impressionnant à recevoir. Cet élan de chaleur à notre égard ne nous a cependant pas dupés sur l’extrême rigidité de cette société notamment vis-à-vis des femmes.

Dix jours dans la vallée d’Hunza, un petit coin de paradis.

 

Après un mois passé dans la densité des villes de l’Inde, nous avions besoin de grands espaces et de nature : quelques jours à Lahore puis cap au nord. Le pays abrite cinq des quatorze sommets de plus de 8000 mètres dont le K2, et 108 sommets de plus de 7000 m d’altitude. Différents massifs montagneux se partagent ces sommets : l’Himalaya, le Karakorum et l’Hindu Kush. Bien connu des alpinistes et des randonneurs, la beauté des montagnes du Pakistan s’est offerte à nous un peu par surprise. Malgré nos recherches, nous ne nous attendions pas à trouver de si beaux paysages, loin de l’exploitation touristique faite par exemple au Népal.

« Quoi ? Vous ne connaissez pas Aga Khan ? »

La vallée de Hunza a la particularité de compter une population d’ismaéliens. Il s’agit d’une branche de l'Islam dont le leader Aga Khan vit en France. L’action de cet homme et de sa fondation qui œuvre en particulier pour l’éducation est saluée par tous. En visitant la région – pourtant reculée –, nous avons pu constater le très bon niveau d’éducation dont la population bénéficie. La photo du leader ismaélien est affichée dans chaque maison. Cette « dévotion », aussi justifiée soit-elle, a donné parfois lieu à des situations cocasses pour nous, français, assez éloignés de ce type de culte.

 

Au début, les habitants rencontrés n’arrivaient pas à comprendre comment c’était possible que nous ne connaissions pas cet homme qui habite pourtant chez nous.

« Mais si ! Il habite à Aigremont à côté de Paris !"

Mouais, à moins d’être habitant de la commune ou d’être ismaélien, difficile de connaître ce monsieur…

 

Un jour, dans le restaurant de notre hébergement, un client, pour témoigner de sa fidélité envers Agha Khan, nous a confié :

« Si demain, Aga Khan me demandait de vous tuer tous les deux, je le ferais sans hésiter ! » avant d’ajouter : « C’est juste un exemple… ».

 

Au-delà de l’anecdote, cet exemple parmi d’autres nous a éclairés sur une société à l’image de l’Inde où la population a une très grande confiance voire dévotion dans certains hommes ainsi qu’en matière de religion. Il semblait y avoir moins de remise en question de l’ordre établi, et le poids des traditions était évidemment bien plus fort que chez nous.

La préparation laborieuse d'un petit trek

 

Dans la vallée de Hunza, nous avons établi notre camp de base chez Hassan, qui tenait une petite guest-house dans le village de Pasu. Il nous a aidés à organiser notre séjour et à dénicher un guide pour le trek de 3 ou 4 jours que nous avions repéré.

Le lendemain de notre arrivée, nous sommes partis en tête-à-tête en randonnée pour la journée, en guise d’échauffement pour le trek plus long à suivre. Au programme : passage de ponts suspendus, traversées de petits villages, baignade dans un lac de montagne et point de vue sur un glacier. 

A notre dernier arrêt de la journée, nous avons croisé un guide qui a engagé la conversation. Il nous déconseillait le trek que nous avions repéré car celui-ci nous ferait rester dans la vallée et le panorama sur les pics de haute altitude s’en trouverait réduit. Certes, nous verrions quelques sommets à 5 000 m, mais les géants du ciel resteraient peu visibles. A la veille de notre départ, nous étions en plein doute. Nous avons décidé de rentrer à notre hébergement pour proposer cette nouvelle option au guide déjà rencontré la veille et à notre hôte Hassan. C’est peu dire que notre guide n’était pas enchanté par ce changement de programme. Il a tiré une tête de six pieds de long. Il ne connaissait pas bien ce trek, qu’il trouvait trop difficile. Résultat, il s’est désisté avec un sourire gêné et sans hésiter, s’est levé de sa chaise, nous a salué et est rentré chez lui. Il était 18h, notre départ était prévu pour le lendemain et nous n’avions plus de guide. Hassan nous aurait bien accompagné (nous étions ses seuls invités) mais il nous a avoué ne pas bien connaître le chemin pour traverser le glacier qui est en perpétuel mouvement et ne souhaitait donc pas nous faire prendre de risques. De plus, il ne se sentait pas légitime à nous y amener car ce n’était pas son « territoire ». Il craignait les réactions des guides locaux. Qu’à cela ne tienne, nous sommes partis à pied tous les trois à l’autre bout de Pasu pour rencontrer un autre guide. L’entrevue s’est malheureusement soldée par un échec car le guide était déjà pris. De retour de nuit dans notre QG, il n’était désormais plus question de partir le lendemain. Nous avons décidé de repousser notre départ d’une journée et de recontacter le guide rencontré au glacier que nous avions initialement écarté par respect pour notre guide initial, mais aussi car le prix proposé était sensiblement plus cher. Nous sommes finalement arrivés à un accord et le départ a été fixé pour le surlendemain.

Nous avons ainsi profité de notre journée supplémentaire pour nous rendre au col de Khunjerab, point de passage frontalier entre la Chine et le Pakistan. Situé à 4 693 mètres, il s’agit du passage frontalier le plus élevé au monde et le plus haut point sur la Karakoram Highway (KKH). Après une première expérience réussie d’autostop dans la vallée quelques jours auparavant, nous avons ensuite récidivé plusieurs fois, parfois même pour des distances très courtes (1 ou 2 kilomètres !). Au final, sur la dizaine de fois où nous avons fait du stop, nous avons toujours été pris par la première voiture rencontrée. Cette fois n’a pas dérogé à la règle : c’était un couple de jeunes dentistes d’Islamabad en vacances qui se rendait également au col-frontière. Arrivés au sommet, nous avons été pris d’une certaine émotion en revoyant un an plus tard des bâtiments de style chinois ainsi que la mention « Kashgar 420 km ». C’était en effet dans cette ville de l’Empire du Milieu que nous étions arrivés un an plus tôt en Asie, au terme de plusieurs semaines d’autostop depuis la France. A ce moment, nous avons eu le sentiment que la boucle avait été bouclée. Dans un autre domaine, il nous était difficile d’imaginer que Chinois et Pakistanais, qui nous apparaissaient comme deux peuples tellement différents, pouvaient avoir une frontière commune et d’importantes relations commerciales via la KKH (de nombreux camions chinois transitaient via la frontière jusqu’à Sost, village pakistanais où les marchandises étaient ensuite chargées dans des camions pakistanais).

Une randonnée de deux jours jusqu'au col de Patundas (3 850 m)

Une dernière découverte avant de quitter la vallée

 

Avant de redescendre sur Islamabad, nous souhaitions passer quelques jours à Fairy Meadows, une prairie d’où nous pouvions randonner jusqu’à l’un des camps de base du Nanga Parbat, le neuvième sommet le plus haut du monde du monde. Notre départ a finalement été repoussé d’une journée puisque Hassan nous a proposé de l’accompagner au mariage d’un parent au village d’à côté. La perspective d’assister à un mariage traditionnel nous enchantait. Décidément, notre escapade dans les montagnes pakistanaises était une riche expérience.

De retour à notre QG, nous étions en train de planifier notre départ pour la « Prairie des Fées », lorsqu’un client du restaurant nous a conseillé de nous renseigner sur la sécurité de cette zone : un bus pour filles avait apparemment été attaqué et un policier tué dans cette région deux ou trois jours auparavant. De plus, il y a quelques années, le camp de base du Nanga Parbat avait fait l’objet d’une attaque par les Talibans et un groupe de touristes avait été tué pendant la nuit. Pourtant, de nombreux pakistanais et voyageurs internationaux se rendaient chaque année dans ce lieu plutôt connu des touristes. Suite à cette discussion, notre hôte Hassan nous a proposé d’aller trouver la police pour en savoir plus. Le poste du village se trouvait juste à côté, et le policier, décontracté en jogging et claquettes, a décidé de contacter ses collègues par radio dès que l’électricité serait revenue. Quelques heures après, il nous a rassurés sur la sécurité des lieux et nous avons programmé notre départ pour le lendemain matin. Nous verrions bien sur place !