Indonésie : une immersion chez les Torajas au Sulawesi (2/3)

 

Du 6 au 11 juillet 2018.

Après Java, Bali et Flores, nous avons mis pied-à-terre au Sulawesi pour notre dernière étape en Indonésie. Nous avons débuté notre séjour par le pays Toraja où nous souhaitions découvrir les rites funéraires de ce peuple tout à fait surprenants. On peut dire que nous avons été servis !

 

 

Eh oui, même si pour nous il est impensable que des touristes viennent assister à l'enterrement de mamie avec l'appareil photo autour du cou, cela se pratique bien ici. Les Torajas sont contents d’accueillir des étrangers qui s’intéressent à leurs coutumes et ne les considèrent absolument pas comme des voyeurs. Quant à nous, depuis huit mois que nous voyagions, nous avions appris à laisser nos préjugés de côté, si bien que l’idée même d’assister aux funérailles d’un inconnu ne nous choquait pas.

 

Nous ne nous voyions tout de même pas débarquer nonchalamment en pleine cérémonie alors nous avons commencé par nous poser à Rantepao, la grosse ville du coin, pour rechercher un guide. Nous avons pris notre temps sur le choix de celui-ci car de ses connaissances, de son niveau d’anglais (ou de français) et de sa motivation à nous expliquer ce que nous allions voir, dépendrait entièrement la qualité de notre expérience. Nous sommes tombés sur un couple de voyageurs français, Delphie et Charles, avec qui nous avons décidé de faire recherche commune. De notre côté, nous avions une piste. Alors que nous recherchions un couchsurfing dans le coin, nous sommes tombés sur Natalia, guide, vivant avec sa famille dans un village aux environs de Rantepao. Puisque les funérailles torajas s’étalent sur plusieurs jours et que les invités dorment sur place, nous espérions qu’elle pourrait nous amener à une cérémonie où nous souhaitions au moins passer une nuit et une journée. Elle nous a demandé de lui laisser un petit délai pour voir si elle pouvait arranger quelque chose. Nous étions confiants car nous étions en saison sèche, en pleine « haute saison » des cérémonies funéraires, période de vacances où il est plus facile de réunir les proches. Pendant ce temps, nous avons visité les alentours tous les quatre, histoire de nous mettre dans le bain.

 

Bien entendu, avant d’arriver dans la région, chacun de nous s’était informé sur les traditions funéraires des Torajas et nous avions hâte d’en savoir plus ! Nous savions notamment que les cérémonies funéraires s’accompagnaient de sacrifices de buffles. C’est pourquoi nous avons commencé par visiter le Pasar Bolu ou marché aux buffles de Rantepao qui se tient deux fois par semaine. Vendeurs et acheteurs s’y rencontrent et marchandent en vue des cérémonies à venir. Nous y avons vu de sacrés spécimens !

Nous avons ainsi appris que les buffles albinos se vendaient les plus chers et par conséquent étaient réservés pour les cérémonies de haute classe. Un buffle se vend plus cher s’il s’agit d’un mâle, si sa carrure est importante, si ses cornes sont grosses, longues, symétriques et tournées dans le bon sens. Un buffle prend de la valeur jusqu’à sept ans d’âge. Ce jour-là, le buffle le plus cher se vendait à 400 millions de roupies indonésiennes soit 23 000 euros ! Il faut compter trois ou quatre millions de roupies (environ 200 euros) pour un petit buffle.

Même si notre visite était gaie et nonchalante, nous gardions bien en tête que tous ces buffles étaient destinés au sacrifice. Mais durant toute la durée de notre séjour, nous avons essayé de ne pas juger les coutumes très ancrées des Torajas avec nos yeux d’occidentaux où l’heure est aux débats sur la souffrance animale. Nous comptions quand même bien aborder ce sujet à un moment ou à un autre de notre séjour.

 

De ce que nous avions lu, les coutumes funéraires ne s’arrêtent pas là : le corps du défunt est gardé plusieurs mois et souvent plus d’une année par les proches, en attente des funérailles ! C’est lors de celles-ci que le corps est transféré de la maison traditionnelle familiale au cimetière. Lors de notre virée en scooter après la visite du marché, nous ne pouvions nous empêcher d’imaginer qu’il y avait peut-être un corps dès que nous voyions une maison traditionnelle. Et nous en avons croisé tout un tas, disséminées parmi les nombreuses rizières de la région !

Il était temps d’aller visiter ces fameux cimetières qui eux aussi sont particuliers puisque les Torajas n’enterrent pas les cercueils mais les placent dans des cavités de roche soit naturelles comme des grottes ou bien creusées dans des parois. Nous sommes restés sceptiques devant tant d’os éparpillés et notre journée d’excursion n’a fait qu’accroître notre soif d’explications devant tant de mystères. Il était vraiment temps de nous faire accompagner d’un guide !

Avec Natalia, nous avons eu bien plus que ce que nous espérions. Nous sommes arrivés chez elle tous les deux pour le couchsurfing, après notre journée de scooter. Elle avait réussi à arranger notre venue à des funérailles pour le lendemain en fin de journée. En attendant, nous avons chaleureusement été accueillis par toute la famille de Natalia et avons passé la soirée à discuter ! Nous avons eu la surprise d’apprendre que son grand-père, décédé un an auparavant, était toujours dans la maison traditionnelle ! Elle nous a proposé d’aller le voir le lendemain matin. Nous nous retenions – sans vraiment y parvenir – de la bombarder de questions concernant leurs coutumes, essayant d’attendre Delphie et Charles, à qui nous avons proposé de nous rejoindre pour visiter le papi de Natalia. 

Natalia est à côté de Mélanie, suivie de sa maman alors que sa grand-mère se trouve à côté de Vincent.
Natalia est à côté de Mélanie, suivie de sa maman alors que sa grand-mère se trouve à côté de Vincent.

Le lendemain, nous nous sommes ainsi dirigé tous les cinq vers la maison traditionnelle de la famille, à un kilomètre de la maison où ils vivaient, qui elle est de style classique. Natalia nous avait prévenu qu’ils avaient placé son papi dans un cercueil scellé car il était désormais trop abimé… Elle en a profité pour nous détailler les techniques de conservation des corps. La plus classique est l’injection de formol ou son équivalent par la bouche à l’hôpital juste après le décès. Dans le nord, les techniques sont plus ancestrales : une véritable momification s’opère grâce à des feuilles de bétel et de la sève de banane pour que ça colle, le tout aidé de magie. Ils utilisent du vin de palme fermenté pour faire sécher et rétrécir le corps… Une autre technique similaire aux momies égyptiennes est également pratiquée, avec des bandages et du coton. Toujours dans le nord, une fois par an, à l’occasion de la cérémonie Ma’ Nene’, les familles sortent les corps des cercueils, les déshabillent, les lavent, les laissent sécher au soleil et les rhabillent avec de nouveaux vêtements ! Imaginez-vous en tant que touriste, vous vous baladez tranquillement dans la campagne sous un beau soleil et tout à coup vous apercevez des cadavres plus vraiment frais ici et là, avec des gens en train de s’affairer autour, vous faisant coucou avec un grand sourire… !

 

Le cercueil du grand-père se trouvait dans la petite pièce du fond de la maison, au premier étage. Natalia nous a expliqué que tant que la cérémonie n’avait pas eu lieu, les Torajas considéraient que le défunt était malade et non décédé. Il était donc naturel que les visiteurs le saluent en arrivant et lui disent au revoir en partant – ce que nous avons fait – et que la famille vienne de temps en temps pour papoter. C’est dès le premier jour de la cérémonie funéraire que la personne est considérée comme décédée. Le cercueil était placé sur un matelas avec oreiller et couverture, des objets pouvant être utiles se trouvaient près du cercueil (sa canne tripode !) et quelqu’un venait ouvrir les fenêtres le matin et les fermer le soir, tous les jours ! 

Plus fou encore, trois repas par jour étaient servis au « malade » ! Pas pour le grand-père de Natalia cependant, car la maison traditionnelle était trop loin de leur maison d’habitation pour faire autant de navettes par jour. De plus, tous les samedis soir, la famille venait dormir auprès du défunt et le père de Natalia venait le voir tous les jours. Natalia nous a même raconté que pendant la coupe du monde de football, son père avait dérogé un peu à la règle et pris l’habitude de s’installer devant la télévision dans la maison attenante (appartenant également à sa famille) plutôt que de rester avec son paternel dans une maison vide. Un jour, son père lui est apparu pour lui demander pourquoi il ne restait pas avec lui. Son père s’est ainsi empressé de reprendre le droit chemin !

 

 

Mais pourquoi attendre si longtemps pour organiser la sépulture d’un défunt ? La réponse est purement financière. Il faut du temps à la famille et particulièrement aux enfants afin d’économiser assez d’argent pour organiser de belles funérailles, notamment pour acheter les buffles. Ce sont d’ailleurs les enfants qui décideront de la date exacte de la cérémonie. Un grand nombre de buffles à sacrifier reflète l’importance de la personne décédée et notamment sa classe. Il y a plusieurs marqueurs pour une cérémonie de haute classe. Il y a tout d’abord un plus grand nombre de convives ce qui fait que la cérémonie dure davantage de jours. Ensuite, il faut sacrifier au moins 24 buffles, les enfants font sculpter une poupée à placer à l’entrée de la grotte, le cercueil est généralement rond et gravé d’or et de rouge. A l’inverse, pour les familles les moins fortunées, il faut au moins un buffle à sacrifier et si la famille ne peut se le permettre, il n’y a pas de cérémonie et l’enterrement se fait en secret dans la nuit, sans que personne ne soit au courant. Concernant les buffles, chacun des enfants doit offrir au moins un buffle selon ses moyens, et par exemple Natalia devra probablement en fournir un également car elle gagne sa vie et c’est la plus âgée des petits-enfants de son grand-père. 

Après cela, nous avons demandé à Natalia d’être notre guide pour la journée, avant de nous rendre à la cérémonie le soir. Non loin de son village se trouvaient différents points d’intérêt de leur culture funéraire, à commencer par un des lieux de sépulture des bébés.

 

 

Selon leurs traditions, un bébé qui avait des dents au moment de son décès a commis son premier pêché : mordre le sein de sa mère lors de l’allaitement. Il est donc placé dans un cercueil de la même manière que les adultes, dans une grotte ou un tombeau familial, alors que le corps d’un bébé plus jeune, sans dent, est placé dans une cavité creusée dans le tronc d’un arbre Tarra. 

Les Torajas choisissent l’arbre Tarra car sa sève blanche est assimilée à du lait qui permettra à leur bébé de continuer à grandir. Pour éviter que le bébé ne retrouve le chemin de sa maison, la sépulture se fait de nuit, l’ouverture de la cavité dans l’arbre est à l’opposé de la maison et le bébé est placé en position fœtale les poings devant les yeux. La porte qui ferme la cavité est en fibres de palmier, afin de laisser l’air passer et le bébé respirer ! Là où nous nous sommes rendus, la dernière sépulture avait eue lieu en 1956 car de nos jours, on ne trouve plus d’arbre Tarra avec un tronc assez large, on enterre simplement les bébés. Le père est ensuite chargé de veiller trois jours (et nuits) durant afin d’éviter que des mauvais esprits s’emparent de l’âme du bébé qui a tendance à sortir un peu du sol au début !

 

Nous sommes ensuite retournés visiter des grottes-cimetières. Avant leur mort, les personnes choisissent si elles veulent que leur cercueil soit placé dans une cavité rocheuse ou dans le tombeau familial, ce qui se fait de plus en plus faute de place. Les tombeaux ne se trouvent pas dans un cimetière comme chez nous mais ici et là dans la campagne. D’ailleurs, s’il est nécessaire de déplacer un ancien cercueil dans une grotte pour faire de la place, il est normalement d’usage de sacrifier un cochon par respect pour le défunt. Mais il n’y a pas grand monde qui suit cette pratique. Certains cercueils étaient tellement anciens que le bois avait cédé et les os étaient répandus ici et là.

Chose étrange, il y avait des centaines voire des milliers de cigarettes à proximité des cercueils. Il s’agissait en fait d’offrandes. Dans les anciennes croyances torajas (anciennes car ils sont maintenant chrétiens), il y a trois niveaux de vie : celui des vivants, celui de Puya après la vie et enfin celui de Dieu « To Membali Puang ». Après leur vie humaine, les défunts mènent une existence similaire à Puya et accèdent au troisième niveau en agissant correctement à Puya. Les offrandes sont donc là pour aider les défunts à accéder au dernier niveau. Nous n’avons pas compris en quoi des cigarettes allaient leur être utiles, mais bon.

Il était maintenant temps de nous rendre au village de Kallan, pour la sépulture de Damaris Rero surnommée Nenek Sartin, maman de six garçons et deux filles, décédée six mois auparavant. 

 

Traditionnellement, le premier jour de la cérémonie est le jour de la procession avec le cercueil et les buffles à travers le village pour annoncer le début des funérailles. Le deuxième jour et les suivants sont ceux de la réception des invités. Ces derniers offrent des cigarettes, du café, du sucre, des gâteaux ou des bonbons à la famille, denrées qui seront ensuite servies tout au long de la cérémonie aux convives. Durant toute la cérémonie, ceux-ci sont logés sur place dans des baraquements sommaires en bambou et ouverts, qui s’articulent autour d’une place centrale. De là, ils assistent aux rituels, prennent leurs repas et y dorment la nuit. Des messes rythment les journées, des professionnels de l’Eglise chrétienne viennent sur place. Plus il y a d’invités, plus il y a de jours de réception. Enfin, le dernier jour est celui du sacrifice des buffles. Les hommes préparent ensuite la viande dont une moitié sera cuisinée pour le repas, alors que l’autre sera distribuée aux invités selon leur importance. Ensuite, il y a de nouveau une messe et c’est la procession jusqu’à la grotte-cimetière ou jusqu’au tombeau. 

 

Ici, la sépulture ne durait que deux jours à proprement parlé. Elle avait déjà débuté la veille, avait été interrompue ce jour (car c’était dimanche) et se terminerait le lendemain, avec le sacrifice de six buffles (six buffles !). Même si le dimanche où nous sommes arrivés était un jour « off », il y avait quand même quelques convives présents (ceux qui habitaient loin), la famille proche et quelques rituels. Le cercueil était quant à lui juché sur une tour appelée Lakkian, dont il a été descendu au dernier moment, avant la procession vers le tombeau de la famille Rero. 

 

Nous avons été accueillis comme des invités d’honneur, les enfants de Nenek Sartin étaient contents de nous faire découvrir leurs coutumes. De notre côté, nous étions ravis mais nous appréhendions bien évidemment les événements du lendemain…

 

Après une nuit paisible, un bon petit déjeuner et l’arrivée d’un grand nombre d’invités, c’était l’heure. Nous avons été surpris de voir que la famille avait engagé un cameraman qui allait et venait pour retranscrire tout ce qui se passait, y compris tout ce qui allait se passer ! C’était chose commune apparemment. C’était tellement étrange pour nous, car qui veut garder des souvenirs d’une sépulture ? La famille allait-elle vraiment se repasser le film un jour ?

 

Il était temps. Des hommes ont mené un à un les six buffles sur la place centrale et ont attaché le premier à un piquet de bois planté dans le sol. 

Bizarrement, les femmes étaient davantage rassemblées dans la cuisine ambulante à l’arrière des baraquements, sans vue sur la place centrale. Le premier buffle a été blessé mortellement d’un coup de machette au niveau de la gorge, le sang a jailli. Sans un cri, l’animal est tombé. C’était dur car la mort n’a pas été instantanée mais le buffle à terre relevait la tête d’un coup et la laissait lourdement retomber sur le sol, plusieurs fois. Mélanie a été la première à pleurer, suivie de près par Delphie. Les femmes d’abord, évidemment. Ce n’était que le premier, il restait encore cinq buffles… Nous avons été surpris de voir que les autres buffles à côté ne bougeaient pas, ne montraient pas de signe d’affolement. Puis ça a été le tour du second buffle, que les hommes ont attaché au même piquet, à côté du corps du premier buffle ! Devant cette tuerie en cours, nous nous sommes sentis basculer dans un autre monde. Nous nous sommes quand même forcés à continuer de regarder. Pour en rajouter, un homme a manqué son coup sur le dernier buffle et ne l’a pas assez blessé, celui-ci s’est mis à se débattre dans tous les sens. Nous avons compris à quoi cela servait d’attacher préalablement les buffles. Un second coup a été asséné et la bête a fléchi. A la fin, nous nous trouvions bel et bien devant une scène de crime, le sol était couvert de sang. 

A peine les six buffles à terre, les hommes ont commencé à s’affairer à la découpe. Pour notre mental, rapidement, nous ne nous sommes plus retrouvés face à des cadavres frais mais face à de la viande en cours de transformation. Nous n’avions pas imaginé que cette partie durerait presque quatre heures ! Il faut dire qu’il y avait plusieurs tonnes de viande. Le soleil aidant à faire apparaître les odeurs, nous avons décidé d’aller prendre l’air au point de vue du village sur les rizières alentours. Lorsque nous sommes revenus, le repas a été servi mais nous avons remangé les mêmes denrées que la veille car la viande de buffle n’était pas prête et nous avons été servis en premier. Nous n’en avions pas franchement envie de toute façon…

Une fois la découpe achevée, le moment était venu de distribuer la viande. Un homme appelait tour à tour les convives au microphone pour venir récupérer des morceaux rassemblés en petits tas. Il en a bien convoqué une petite centaine et c’était impressionnant de constater qu’il savait exactement l’ordre dans lequel il fallait les appeler et les morceaux de viande qui leur revenaient à chaque fois.

 

Ensuite, la place centrale a été grossièrement nettoyée, le cercueil a été descendu et les enfants et petits-enfants de la défunte se sont rassemblés près du cercueil pour une dernière messe, le tout avec l’odeur âcre du sang flottant dans l’air. C’est au moment de ce dernier au revoir qu’ils ont laissé couler leurs larmes de tristesse. Les hommes se sont rassemblés autour et se sont mis à chanter en se tenant par les mains, pendant que d’autres préparaient le cercueil pour son transport. Enfin, les jeunes hommes se sont précipités pour porter le cercueil et la procession a commencé. C’était étonnant de voir la joie non dissimulée qui régnait chez les porteurs, qui allaient jusqu’à jouer entre eux en tirant, en poussant, en se mettant à courir puis en s’arrêtant tout à coup ou encore en secouant le cercueil. C’était la tradition. Le cercueil a été placé dans le tombeau, sous l’œil de la caméra jusqu’au moment de verrouiller celui-ci et de retourner au village : la cérémonie était terminée. Les invités sont rentrés chez eux avec leurs morceaux de viande, pendant que d’autres commençaient à ranger. Nous avons remercié les enfants de Damaris Rero, et avons pris la route du retour. Quelle expérience cela avait été ! 

Alors que Delphie et Charles sont retournés à Rantepao, nous sommes restés une nuit et une journée de plus chez Natalia car nous avions envie de passer du temps avec sa famille que nous n’avions fait que croiser. Le soir, nous n’avons pu nous empêcher de les questionner à propos du sacrifice des buffles. Était-ce vraiment nécessaire ? Surtout que cela leur coûte très cher ! Bien entendu, ils nous ont d’abord répondu que c’était la tradition. Etant habitués aux sacrifices dès leur plus jeune âge, la plupart ne se posent pas de question et ne souffrent pas que des animaux soient tués. Cependant, quand un buffle ne meure pas tout de suite, personne n’aime ça et on ne traîné pas pour venir l’achever. Nous en avons profité pour leur expliquer notre point de vue d’occidentaux, sans pour autant condamner leurs traditions. Nous aurions d’ailleurs été malvenus, nous qui sommes venus exprès pour y assister !  

 

Le lendemain, nous avons partagé leur quotidien : nous avons été visiter le jardin et les rizières des grands-parents de Natalia, nous avons été nourrir les cochons puis nous sommes rentrés pour cuisiner avec les femmes et les enfants. Nous avons aussi décidé de leur faire des crêpes sucrées pour le goûter. Les adieux en fin de journée ont été émouvants, nous avions trouvé une deuxième famille au Sulawesi.