Gentillesse, mixité et nasi lemak : bienvenue en Malaisie ! (1/2)

 

Du 8 janvier au 8 février 2018

La Malaisie, nous avions envisagé d’y aller après tous les autres pays d’Asie du sud-est, avant ou après l’Indonésie. Et encore, sans savoir pourquoi, nous étions prêts à le zapper si le temps venait à manquer. Il ne devait rien nous évoquer sans doute. Quelle erreur cela aurait été, car nous avons adoré ! Nous avions prévu de commencer par la Thaïlande car c’était le pays le plus touristique donc peut-être le moins authentique. Cependant, désirant rester sans contrainte temporelle pour notre trek autour des Annapurnas, nous n’avons pas acheté nos billets d’avion en avance. En revenant à Katmandou, les prix des vols pour Bangkok avaient bondi, c’est alors que nous avons envisagé d’autres options. Une trekkeuse rencontrée sur la route nous avait venté la Malaisie et ses habitants accueillants, sa mixité en termes de populations et de religions, sa nourriture délicieuse, sa jungle primaire et ses îles paradisiaques. De plus, l’idée de changer nos plans en un claquement de doigts nous plaisait bien. Et puis niveau itinéraire aussi ça nous semblait logique : prendre notre premier vol du voyage pour aborder l’Asie du sud-est par la Malaisie tout au sud de la péninsule, pour remonter vers la Thaïlande et passer ensuite de pays en pays par la terre.

 

 

Nous avons ainsi quitté Katmandou pour Kuala Lumpur, en faisant escale à Dacca au Bangladesh. La religion officielle de la Malaisie est l’islam, mais c’est dès Dacca, à l’aéroport, que nous avons constaté une multitude de femmes voilées. D’ailleurs pour l’une d'elle nous avons mis un peu de temps pour savoir si elle était de dos ou de face car son voile noir opaque lui recouvrait complètement le visage, les yeux compris !

Kuala Lumpur

 

Nous sommes arrivés à Kuala Lumpur, assaillis par une chaleur humide étouffante, sans s’être auparavant renseignés sur le pays culturellement ou touristiquement. Nous savions quand même que c’était le pays le plus développé de la région, mais nous ne nous attendions pas à trouver un si bon réseau routier et des grandes surfaces et centre commerciaux comme chez nous. Nous avons commencé par prendre notre temps dans la capitale, afin de combiner les visites et la planification de notre parcours dans le pays.

 

 

Ce changement soudain d’itinéraire nous a valu quelques moments de doutes au début, notamment à cause de la météo. Nous étions en fin de période de mousson et à Kuala Lumpur, la chaleur humide alternait avec des pluies brusques et fortes. Nous avons appris que la côte est et ses îles paradisiaques étaient impraticables, car la mousson y sévissait toujours et ce pour encore quelques semaines. La mer serait donc trop agitée par des vents forts, les plages inondées et nous serions bloqués à l’hôtel. De même, la partie malaisienne situé à l’est sur l’île de Bornéo et sa jungle primaire étaient inaccessibles pour les mêmes raisons. Nous serions-nous précipités ? Nous avions pourtant vérifié la météo sur plusieurs sites internet avant de venir… A l’office de tourisme, l’employé nous a appris que les malaisiens ne regardaient jamais les prévisions météos, car même si en théorie il y a une saison sèche et une saison de moussons, il pouvait pleuvoir beaucoup pendant la saison sèche et y avoir une accalmie pendant la mousson. Nous avons quand même mis quelques heures avant de rebondir et d’envisager tout ce que la Malaisie avait à offrir d’autre.

Le quartier chinois de Kuala Lumpur

A KL (abréviation branchée de Kuala Lumpur que l’on voit partout), nous avons tout d’abord séjourné dans le quartier chinois, dans une guest-house créée au sein d’une ancienne maison coloniale. Et nous avons très vite constaté que les vestiges coloniaux ne s’arrêtaient pas là : les malais parlent pour la plupart un très bon anglais et d’ailleurs les employés de la maison d’hôtes – très très aimables – nous appelaient toujours « Sir » Vincent et « Miss » Mélanie ! De là, nous avons ainsi pu faire un tour des bâtiments d’époque coloniale.

Nous avons ainsi découvert doucement la culture malaise en commençant par sa nourriture de rue ou street food. Il y en a pour tous les goûts, à toutes les heures de la journée et c’est cuisiné sous les yeux du consommateur ! Bon, bien sûr, il ne faut pas être trop regardant sur l’hygiène, mais il serait tellement dommage de passer à côté. Et puis c’est une institution en Asie du sud-est, alors autant s’y mettre tout de suite !

Ce que nous n’avons pas goûté par contre, c’est le durian, un fruit à l’odeur très (très) forte qui lui vaut d’être interdit dans les hôtels et les transports en commun ! Apparemment, comme un fromage bien fait, le goût est plus léger que l’odeur. On aime ou on déteste. Nous, vu ce que nous sentions en passant à côté, nous nous sommes dit que rien ne pressait, que nous goûterions plus tard… 

Nous avons par contre dégusté avec plaisir le nasi lemak, plat que les malaisiens mangent normalement au petit-déjeuner : du riz, des cacahuètes, des petits anchois et une sauce très épicée. En version street food, c'est-à-dire prêt à emporter, il est emballé en triangle dans une feuille de bananier. 

Ce que nous avons aussi découvert avec plaisir, même prévenus, c’est la gentillesse des malais : contrairement aux népalais, ils nous souriaient beaucoup et nous saluaient facilement. Pourtant, les touristes n’étaient pas rares dans la capitale. Cela promettait pour la suite ! 

Ensuite, nous avons changé de logement car Vincent, en fouinant sur le net, a repéré des annonces de chambre chez l’habitant dans des immeubles munis de piscines sur le toit, avec vue sur les fameuses tours Pétronas, symboles de la ville. Cela nous rapprochait du quartier moderne, que nous avons vite passé. Nous avons quand même été impressionnés par le passage suspendu et couvert pour les piétons sur plusieurs kilomètres, permettant de rejoindre les centres d’intérêt de la nouvelle ville, loin de la pluie et des voitures. 

Un petit tour aux grottes de Batu, à une dizaine de kilomètres au nord de la ville, fréquentées par des singes à longue queue , et il était temps de quitter la capitale.

Malacca

  

Notre prochain arrêt était à Malacca, où son quartier colonial valait le détour. Elle a été la première ville de Malaisie à être prise, d’abord par les portugais, puis elle est passée aux mains des hollandais et enfin des britanniques. Ce passé mouvementé lui a inspiré un slogan affiché fièrement dans la ville : « Don’t mess with Melaka ». Bien que pouvant être visitée en un jour seulement, nous avons encore une fois pris notre temps. Nous avons trouvé là-bas une solution rafraichissante pour affronter la chaleur du bitume : siroter une pastèque très froide dont l’intérieur a été mixé ! 

En arrivant à la gare de la ville, un jeune malaisien nous a fait un grand sourire puis est venu nous parler. Notre première réaction, quand nous nous faisons aborder et d’autant plus dans une gare, est d’être méfiants (chat échaudé…). Et lui était si souriant et si sympathique que nous redoublions de méfiance ! Bien vite, nous avons constaté qu’il était sincère. Il a proposé de nous faire découvrir la ville. Travaillant à Kuala Lumpur en tant que professeur des écoles, il profitait de congés pour aller faire un petit tour à Malacca qu’il aimait bien. Il nous a confié qu’en plus, venir ici lui permettait de rencontrer des étrangers, ce qu’il trouvait intéressant. Il disait que les français étaient souvent très abordables et gentils avec lui, contrairement aux anglais. Face à tant de gentillesse à notre égard, nous ne pouvions nous empêcher de garder une petite part de méfiance. Il n’y avait pas de quoi, nous avons passé une après-midi et une soirée très sympathiques en sa compagnie. Lui était chrétien et plutôt foncé de peau par rapport à d’autres malaisiens. Il nous soutenait qu’à cause de ces deux particularités, il se sentait parfois mis à l’écart, notamment par les musulmans. La mixité n’était ainsi pas si parfaite que ça dans son pays. Après un tour dans la vieille ville, nous avons marché tranquillement jusqu’à la mer puis sommes retournés pour diner. Au menu, nasi lemak et barley (boisson à base d’orge, un peu comme un sirop d’orgeat). Nous nous sommes quittés après le repas. Décidément, nous trouvions les malaisiens très sympathiques ! 

Nous en avons même profité pour aller visiter le zoo non loin de la ville. Ce n’était pas pour une envie irrépressible de voir des animaux (même si nous avons pu voir quelques spécimens de très près) mais avant tout par rapport à Vincent et sa phobie des serpents. Pour préparer notre voyage, devant la forte probabilité d’en rencontrer sur notre route, Vincent avait fait deux séances d’hypnose en France. La suite logique était d’aller volontairement en voir quelques-uns en vrai et de près, surtout que notre prochaine étape était la jungle malaisienne. Nous avons fait tout le tour du zoo avant d’arriver aux serpents et finalement…Vincent a fait face à un énorme python presque sans peur ! Pour vous dire, avant les séances, il ne pouvait pas en voir ni en photographie ni à la télé. L’efficacité de celles-ci nous a vraiment scotchés. La prochaine étape sera donc d’en voir en vrai, mais en liberté cette fois !

Taman Negara

 

Cameron Highlands

 

 Après cette virée dans la nature, nous nous sommes dirigés pour faire une étape rapide aux Cameron Highlands, afin de visiter une plantation de thé. La plantation était très jolie, les photos que nous en avions vues ne mentaient pas. Nous ne nous sommes pas attardés car l’endroit était très touristique et la ville près des plantations n’avait aucun attrait. 

Île de Pangkor

 

Ne pouvant pas aller faire un tour sur les îles paradisiaques de la côte est à cause de la météo, nous nous sommes rabattus sur la petite île de Pangkor, située sur la côte ouest. Nous avons choisi d’éviter sa cousine, la grosse île Langkawi, située au nord, bien plus fréquentée et bétonnée.

 

L’ambiance était tranquille et détendue. Nous avons beaucoup fait de plage, nous nous sommes reposés, nous avons profité des poissons et crustacés fraîchement pêchés. Nous nous sommes initiés au scooter, faisant le tour de l’île sur une demi-journée. Les couchers de soleil étaient magnifiques, nous n’en avons pas revu d’aussi beaux à ce jour. 

En fait, sans le savoir, nous sommes tombés pendant une fête religieuse hindoue, à l’origine d’un jour férié national. Pendant trois jours, l’île a donc été un peu plus fréquentée mais ce dynamisme était plutôt agréable, d’autant que les touristes étaient des malaisiens, venus en famille. En trois jours, nous avons fait trois rencontres sympathiques, sans chercher à les provoquer comme nous le faisons parfois pour découvrir la population du pays où nous nous trouvons. 

Nous avons ainsi rencontré une famille malaise, alors que nous regardions un coucher de soleil. Les parents travaillaient dans deux villes différentes et profitaient de ce week-end de trois jours pour se réunir avec leurs deux enfants de 5 et 8 ans. Ils campaient sur la plage et nous ont invités à les rejoindre après le dîner. Après quelques moments sympathiques en leur compagnie, nous les avons laissés en famille, nous nous reverrions sûrement sur la plage le lendemain. Effectivement, Vincent les a recroisés l’après-midi suivante et nous nous sommes faits invités à dîner pour un barbecue de poisson. Ces moments simples resteront un bon souvenir de partage. 

Une autre fois, nous étions attablés pour le diner dans un restaurant, et une femme portant le voile non loin de nous a commencé à nous sourire, puis à nous parler. Nous avons échangé quelques minutes, elle attendait son mari de confession musulmane qui était à la prière du soir. Quand celui-ci est revenu, il nous a salués et est parti tout de suite régler la note du diner de sa femme, puis ils nous ont dits au revoir et son montés sur leur moto. Juste avant de partir, le mari a dit quelque chose à sa femme, ils ont eu l’air d’hésiter puis elle est descendue de la moto et est revenue vers nous : « Mon mari a réglé votre note. » Quelle surprise ! Nous ne l’avions vu que quelques instants et encore, nous n’avions presque pas échangé avec lui. Et puis, cela avait l’air d’être sur sa seule initiative. Décidément, nous trouvions les malaisiens très gentils ! Pour la petite histoire, le hasard nous a permis de leur rendre la pareille car le lendemain midi ils sont rentrés dans le même restaurant que nous… 

Pendant ces quelques jours de plage et de soleil, nous avons eu l’impression d’être en vacances de notre voyage et avons laissé de côté visites et « tâches » (planification pour la suite du voyage, comptes, blog, journal de bord, tri des photos…). Rassasiés de farniente, nous sommes ensuite retournés sur le continent pour notre dernière étape dans le pays. 

Georgetown

 

Comme Malacca, Georgetown a été fondée à l’époque coloniale sur l’île de Penang. Grâce à ses bâtiments coloniaux et son street art, son centre historique a été classé à l’Unesco. 

Nos journées ont été rythmées par la chaleur : nous sortions le plus tôt possible pour profiter de la ville, rentrions en début d’après-midi pour travailler sur l’itinéraire du pays suivant et ressortions en fin de journée. Nous avions établi notre base dans une maison d’hôte avec beaucoup de charme, c’était autrefois un bordel ! 

Georgetown nous a vraiment fait penser à Malacca, en plus grand. Pendant notre séjour, nous avons pris beaucoup de plaisir à nous perdre dans les rues. 

Ce qui frappe à Georgetown, c'est la mixité dont on nous avait parlé. Dans la même rue, nous avons visité une mosquée, puis un temple hindou, puis une église catholique et enfin un temple taoïste.

Pour la suite du voyage, nous allions aborder la Thaïlande par le sud. Cette région est principalement connue pour ses îles paradisiaques, bordées de formations karstiques. Il existe tellement d’îles que la veille de partir de Georgetown, nous n’avions toujours pas arrêté notre choix !